Électrifier son vélo pour le bikepacking, bonne ou mauvaise idée ?
Le bikepacking a le vent dans le dos. Des milliers de cyclistes choisissent chaque année de partir à l’aventure, sacoches allégées et esprit libre, à la découverte de routes secondaires, de chemins de traverse et d’horizons inconnus. Mais si l’envie d’évasion est bien là, les jambes ne suivent pas toujours. Et si l’électrification du vélo permettait de repousser les limites ?
La question n’est plus marginale. Avec la démocratisation des kits d’électrification, de plus en plus de bikepackers cherchent à adapter leur vélo classique pour y ajouter une assistance électrique. L’objectif n’est pas forcément d’aller plus vite, mais de pouvoir aller plus loin, avec plus de charge, plus de dénivelé… et moins de crampes.
Mais est-ce réaliste ? Un vélo électrifié est-il compatible avec les contraintes du voyage en autonomie ? Peut-on faire confiance à un moteur et une batterie quand on traverse les Cévennes, les Alpes ou les Balkans ? Quelle autonomie réelle espérer, et quels compromis accepter (poids, réparabilité, budget) ?
Aujourd’hui, le marché des kits électriques s’adapte peu à peu aux exigences du bikepacking : batteries plus compactes, moteurs plus légers, systèmes discrets et silencieux. Et pourtant, tout n’est pas si simple : entre les problèmes de compatibilité, le surpoids que cela induit, les limites légales, et le besoin de rester autonome sans borne de recharge tous les 50 km, le choix n’est pas à prendre à la légère.
Dans cet article, on décortique cette option. Est-ce une hérésie ou une évolution logique ? Que disent les pionniers ? Quels kits choisir pour un trip longue distance ? Et surtout : est-ce que l’assistance électrique nuit à l’esprit du voyage à vélo — ou le renouvelle ?
Sommaire
- Peut-on vraiment électrifier son vélo pour faire du bikepacking ?
- Quels sont les meilleurs kits pour électrifier un vélo de bikepacking ?
- Quels sont les risques, les limites et les conseils pratiques avant d’électrifier son vélo pour le bikepacking
- Finalement, électrifier son vélo pour partir en voyage peut être un super choix
1. Peut-on vraiment électrifier son vélo pour faire du bikepacking ?
Est-ce techniquement faisable ?
À la base, la plupart des vélos conçus pour le bikepacking sont légers, sobres, parfois rustiques. Ils misent sur la fiabilité mécanique plutôt que sur l’innovation électronique. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont incompatibles avec l’assistance électrique.
Oui, il est techniquement possible d’électrifier un vélo de voyage — qu’il s’agisse d’un gravel, d’un VTT, d’un randonneur acier ou même d’un vieux VTC. Les kits disponibles aujourd’hui offrent suffisamment de modularité pour s’adapter à une majorité de configurations.
Les deux options principales sont :
- Les moteurs roue, simples à installer, idéals pour les terrains roulants ou modérément vallonnés.
- Les moteurs pédalier, plus performants en montée, mais plus chers et plus complexes à poser.
Chez Virvolt nous proposons des solutions pensées pour les cyclistes qui veulent garder leur vélo d’origine — et leur style de voyage.
Quelles contraintes faut-il anticiper ?
Mais attention : ce n’est pas parce que c’est faisable que c’est toujours pertinent. L’électrification ajoute deux contraintes majeures : le poids et la gestion de l’énergie.
Un kit complet (moteur + batterie) ajoute en moyenne 4 à 7 kg à votre vélo. C’est peu quand on roule en ville, mais en voyage, chaque gramme compte — surtout en montée ou quand il faut porter le vélo sur un sentier. De plus, l’ajout de la batterie réduit l’espace disponible pour les sacoches de cadre ou les porte-bagages.
L’autre contrainte est énergétique : l’autonomie d’un vélo électrifié en bikepacking dépend non seulement de la capacité de la batterie, mais aussi de votre itinéraire, de votre poids total, du vent, du type d’assistance choisie, et même de la température.
Quelle autonomie réelle en voyage à vélo ?
En théorie, un kit avec batterie de 500 Wh peut offrir entre 60 et 100 km d’autonomie. Mais ce chiffre peut chuter à 40 km en montée ou en tout-terrain, ou grimper à 120 km si vous dosez bien l’assistance et pédalez fort.
En pratique, les bikepackers qui électrifient leur vélo adoptent souvent un style de conduite hybride :
- Assistance minimale sur terrain plat
- Boost en montée ou en cas de fatigue
- Coupure totale dans les descentes ou les faux plats
Cette gestion fine permet d’économiser la batterie… et de garder une part d’effort dans le voyage.
Est-ce compatible avec l’esprit du bikepacking ?
C’est une question presque philosophique. Pour certains puristes, le bikepacking doit rester une aventure “musculaire”, où la lenteur et la sueur font partie du voyage. Mais pour d’autres, l’électrification est une manière d’élargir le champ des possibles : faire plus de kilomètres, franchir des cols plus raides, partir avec plus de charge, ou voyager avec des amis au niveau physique différent.
Il ne s’agit pas de tricher, mais d’adapter l’expérience à ses capacités, à son âge, ou à son temps disponible. Et surtout, l’assistance permet parfois de garder l’envie de partir quand on aurait autrement renoncé.
Comme le résume Marine, notre chargée de communication fan de bikepacking :
“Sans l’électrique, je n’aurais jamais pu faire ce voyage. Mais je dors sous la tente et je prépare mon café avec ma popote. Je ne me sens pas moins aventurière pour autant.”
Y a-t-il des risques à électrifier un vélo de voyage ?
Oui. Comme pour tout projet mécanique, il y a des pièges à éviter :
- Un moteur mal installé peut déséquilibrer le vélo ou abîmer le cadre
- Un excès de puissance (au-delà de 250W) rend votre vélo illégal sur la voie publique
- Une batterie de mauvaise qualité peut surchauffer ou vous lâcher au mauvais moment
- Une surcharge totale (vous + bagages + moteur + batterie) peut dépasser les limites prévues par votre cadre
C’est pourquoi il est essentiel de bien choisir son kit, de le faire poser par un professionnel si possible, et de tester l’ensemble sur plusieurs sorties locales avant de partir à l’autre bout du monde.
Faut-il électrifier son vélo ou acheter un VAE tout équipé ?
C’est l’éternelle alternative. Acheter un vélo électrique neuf spécialement conçu pour le voyage (comme les modèles de Riese & Müller, Moustache ou Cube) garantit une intégration parfaite du système électrique, une géométrie pensée pour le poids, et une fiabilité à toute épreuve. Mais le ticket d’entrée dépasse souvent les 3 500 €.
À l’inverse, électrifier son vélo coûte entre 800 € et 2 000 €, pose moins de questions logistiques (vous gardez votre monture), et permet une personnalisation plus fine. C’est souvent le choix des voyageurs qui partent occasionnellement, ou qui veulent d’abord tester l’électrique sans changer tout leur setup.
2. Quels sont les meilleurs kits pour électrifier un vélo de bikepacking ?
Existe-t-il des kits spécifiquement conçus pour le bikepacking ?
La réponse est non… mais aussi oui. Officiellement, très peu de marques affichent « bikepacking » dans leurs argumentaires commerciaux. Mais dans les faits, plusieurs kits d’électrification se prêtent particulièrement bien à la pratique du voyage à vélo, grâce à leur légèreté, leur compacité et leur discrétion.
L’idée ici n’est pas d’installer un moteur puissant comme sur un vélo cargo de livraison, mais d’opter pour une assistance douce, économe et surtout fiable sur la durée. On recherche donc un kit qui ne trahit pas l’équilibre du vélo, qui se recharge facilement, et qui n’ajoute pas 10 kilos au montage.
Les meilleurs kits pour le bikepacking sont généralement ceux qui offrent un bon compromis entre autonomie, sobriété et simplicité d’usage. Et dans cette catégorie, plusieurs références tirent leur épingle du jeu.
Quels sont les kits les plus adaptés en 2025 ?
Virvolt 750
Probablement le kit le plus connu chez les bikepackers occasionnels. Très léger (moins de 4 kg), facile à installer, et compatible avec presque tous les types de vélos. Le moteur est logé dans la roue arrière, et la batterie amovible se fixe sur le cintre ou le cadre.
Autonomie : jusqu’à 70 km en mode éco.
Ce kit convient parfaitement aux voyages courts ou aux étapes de 60-70 km, à condition de voyager léger. Son principal avantage est sa discrétion et son faible encombrement.
Virvolt 900
Pensé pour les cyclistes urbains, ce kit séduit aussi de plus en plus les voyageurs. Il se compose d’un moteur dans le pédalier et d’une batterie compacte à fixer sur le tube diagonal. Son avantage : il fonctionne très bien avec les vélos acier ou gravel.
Autonomie : entre 60 et 110 km selon le terrain.
Sa robustesse et sa compatibilité avec les freins à disque en font un choix pertinent pour les parcours mixtes (bitume, chemins).
Comment choisir le bon kit selon son voyage ?
Tout dépend de votre pratique.
-
Vous partez pour 3 jours sur voies vertes avec 2 sacoches ?
Optez pour un kit léger et économique comme le Virvolt 750
-
Vous prévoyez 2 semaines en montagne avec bivouac ?
Mieux vaut un moteur pédalier robuste avec une grosse autonomie, comme Virvolt 900.
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Vous voulez électrifier un vieux vélo acier ?
Vérifiez la compatibilité du cadre (entraxe, freins, jantes), et choisissez un kit roue arrière si vous ne souhaitez pas modifier le boîtier de pédalier.
Quelles erreurs éviter au moment du choix ?
Le plus grand piège est de surestimer ses besoins en puissance. Beaucoup de voyageurs achètent des kits surdimensionnés, pensant qu’un moteur 500W les aidera mieux en montée. Mauvaise idée : non seulement ces kits sont illégaux sur route ouverte (limite fixée à 250W en Europe), mais ils sont plus lourds, plus gourmands, et souvent moins fiables sur la durée.
Autre erreur fréquente : ne pas anticiper la recharge. En bikepacking, les prises sont rares. Il faut pouvoir recharger la batterie facilement, avec un chargeur léger et compatible avec les bornes publiques ou les panneaux solaires.
Enfin, attention aux kits à bas prix vendus sur internet. Certains ne sont pas aux normes CE, d’autres sont impossibles à faire réparer en cas de panne. Privilégiez des marques installées, avec un service après-vente fiable.
Combien coûte un bon kit pour partir à l’aventure ?
Les prix varient selon les options :
- Kit basique roue avant + petite batterie : à partir 690 €
- Kit roue arrière avec meilleure autonomie : à partir 890 €
- Kit moteur pédalier + batterie longue distance : à partir de 1250 €
Il faut ajouter, si besoin, le montage professionnel (entre 80 et 250 €), et parfois un renfort des freins ou de la transmission, surtout si vous roulez chargé.
Mais dans l’absolu, vous économisez plusieurs milliers d’euros par rapport à l’achat d’un vélo électrique neuf conçu pour le voyage.
3. Quels sont les risques, les limites et les conseils pratiques avant d’électrifier son vélo pour le bikepacking ?
L’assistance électrique change-t-elle profondément l’expérience du voyage ?
Oui — mais pas nécessairement dans le sens que l’on imagine. Électrifier son vélo ne veut pas dire trahir l’esprit du bikepacking, mais cela impose de repenser certains aspects du voyage : l’autonomie, la logistique, l’entretien, l’itinéraire.
Avec un vélo à assistance électrique, vous roulez plus vite, grimpez plus facilement, mais vous devenez aussi partiellement dépendant d’une ressource extérieure : l’électricité. Cela transforme la manière dont on planifie ses étapes.
L’assistance, bien dosée, peut aussi rendre le voyage plus inclusif : en couple, entre générations, ou après une blessure. Beaucoup de voyageurs témoignent d’un renouvellement de plaisir grâce à l’électrification, surtout lorsqu’elle est utilisée comme un soutien ponctuel plutôt qu’un moteur permanent.
Quels sont les risques mécaniques ou techniques ?
Un vélo électrifié, surtout dans un contexte de voyage longue distance, peut devenir plus vulnérable qu’un vélo entièrement mécanique. Voici les principaux points de vigilance :
- Les connexions électriques : elles doivent être protégées de la poussière, de l’eau, des vibrations. Un câble mal fixé peut se débrancher après une journée de pistes.
- La batterie : elle craint les chocs, les fortes chaleurs, et les décharges complètes. Certains modèles sont très sensibles à l’humidité.
- Le moteur : s’il est de mauvaise qualité ou mal installé, il peut surchauffer ou se bloquer. Un moteur pédalier mal aligné peut user prématurément la transmission.
- Le poids supplémentaire : ajouté à l’arrière ou au centre, il change l’équilibre du vélo. Cela peut rendre la conduite moins intuitive, surtout dans les descentes techniques.
Avant de partir, mieux vaut effectuer plusieurs tests sur terrain varié. Une sortie de 100 km en conditions réelles permet de repérer les points faibles et d’ajuster la charge ou le réglage de l’assistance.
Comment gérer la recharge de la batterie en itinérance ?
C’est LA grande question du bikepacking électrifié. Même avec une batterie de 600 Wh, vous devrez tôt ou tard trouver une prise. Voici quelques stratégies adoptées par les voyageurs expérimentés :
- Recharger la nuit dans les campings, gîtes ou chez l’habitant (via Warmshowers par exemple)
- Demander dans les cafés ou restaurants sur la route (moyennant une consommation)
- Utiliser une prise dans les gares, offices de tourisme ou bibliothèques — souvent accessible gratuitement
- Emporter une batterie secondaire pour doubler l’autonomie (mais attention au poids)
Et en cas de panne en pleine nature ?
C’est là où l’électrification montre ses limites. Une crevaison, un câble coupé ou une batterie grillée peuvent transformer une belle aventure en galère. Pour minimiser les risques :
- Choisissez un kit avec pièces standard (moteur, connectique, batterie)
- Apprenez à diagnostiquer les pannes basiques (câble débranché, fusible grillé, affichage bloqué)
- Emportez un petit kit de secours spécifique (clefs Allen, connecteurs, ruban isolant, notice imprimée)
Et surtout, préparez-vous mentalement à rouler sans assistance si besoin. Tous les kits cités dans la partie précédente permettent de continuer à pédaler même si l’assistance tombe en panne — avec plus d’efforts, certes, mais sans rester bloqué.
Qu’en est-il de la législation en bikepacking électrique ?
En France comme dans l’Union européenne, un vélo électrifié doit respecter les critères d’un vélo à assistance électrique (VAE) pour pouvoir circuler librement sans plaque, casque obligatoire ni assurance spécifique.
Voici les trois critères impératifs à respecter :
- Moteur limité à 250W
- Assistance qui ne se déclenche que si vous pédalez
- Coupure de l’assistance au-delà de 25 km/h
Si vous installez un kit plus puissant, ou avec une poignée d’accélérateur, vous basculez dans la catégorie des cyclomoteurs. Cela signifie interdiction de certains sentiers, assurance obligatoire, et même immatriculation.
Dans le cadre du bikepacking, mieux vaut donc respecter ces seuils, pour ne pas se retrouver en infraction lors d’un contrôle, surtout dans les parcs naturels ou à l’étranger.
Quelques conseils pratiques avant de se lancer
- Testez votre montage sur plusieurs sorties locales, avec chargement complet, pour ajuster la position de la batterie et la puissance d’assistance.
- N’oubliez pas l’entretien régulier : resserrer les vis, vérifier les connectiques, surveiller l’état de la batterie.
- Allégez le reste de votre équipement pour compenser le poids du kit électrique. L’objectif reste de rester agile et autonome.
- Prévoyez un plan B : un itinéraire bis si la batterie lâche, un abri en cas de panne, un contact local ou un lieu-ressource tous les 100 km.
- Gardez l’esprit du voyage : l’assistance est là pour aider, pas pour transformer le bikepacking en moto-rando. Pédaler reste le cœur de l’expérience.
Finalement, électrifier son vélo pour partir en voyage peut être un super choix
Électrifier son vélo pour partir en voyage, ce n’est ni une hérésie, ni une trahison. C’est une option. Une option qui s’ouvre de plus en plus à celles et ceux qui veulent continuer à rouler loin, longtemps, avec plaisir — malgré les limites physiques, le poids des sacoches, ou les dénivelés corsés.
À condition de bien choisir son kit, de tester son montage, et d’adapter ses attentes, l’électrification permet d’allonger les distances, d’oser des itinéraires plus exigeants, ou tout simplement de partir quand on aurait renoncé.
Mais ce n’est pas une solution magique. L’ajout d’un moteur et d’une batterie implique des compromis : plus de poids, plus de mécanique, et une forme de dépendance énergétique à apprivoiser. Il faut l’anticiper, s’y préparer, et l’accepter comme partie intégrante du voyage.
Finalement, tout est question d’équilibre : faire corps avec sa machine, même électrifiée. Rester curieux, autonome, et capable de s’adapter. Car c’est bien cela, au fond, l’essence du bikepacking.
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